Critique du film Rendition
vf: Détention secrète
Attendu comme étant l'un des plus sérieux candidats à la prochaine soirée des Oscar pour son réalisateur et sa distribution, Rendition mord la poussière. Le long métrage, aussi intéressant soit-il, manque parfois de conviction et il s'oublie assez rapidement.
Les pires injustices font parfois les meilleurs films. Anwar El-Ibrahimi (Omar Metwally) est un Égyptien-Américain qui se fait refouler par les autorités lors de son retour aux États-Unis. Il est déporté en Afrique du Nord où il sera interrogé et torturé par les autorités locales par rapport à un récent attentat terroriste. Tourmenté par la disparition soudaine de sa fille, le policier Abasi Fawai (Igal Naor) est à vif. Pour sa part, l'analyste de la CIA Douglas Freeman (Jake Gyllenhaal) cherche à trouver les coupables responsables de la mort d'un collègue. Le principal intéressé n'a pourtant pas de réponse à lui fournir.
Pendant ce temps, l'épouse d'Anwar, Isabella (Reese Witherspoon), enceinte jusqu'aux yeux, demande à son ami Alan (Peter Sarsgaard) d'enquêter sur sa disparition. Ce dernier, qui a des contacts dans les hautes sphères politiques, aura des discussions animées avec le Sénateur Hawkins (Alan Arkin) et surtout avec la dirigeante de la CIA, Corrinne Whitman (Meryl Streep).
Que de destins! C'est justement la principale lacune de ce nouvel essai de Gavin Hood, plus connu comme étant le cinéaste derrière le Tsotsi qui a remporté l'Oscar du meilleur film étranger il y a de cela quelques années. Il y a beaucoup trop de personnages, de situations et de péripéties pour une œuvre d'à peine deux heures. Le réalisateur a donc dû tourner les coins ronds, ne passant que superficiellement sur plusieurs individus, s'attardant trop longuement à d'autres.
Ce qui se déroule dans la région de l'Afrique du Nord pique rapidement la curiosité. De tous les interprètes, Igal Naor est le plus intéressant du lot et il est facilement le plus nuancé. Au contraire, les imbroglios en territoire américain manquent de définitions. Les personnages féminins sont particulièrement indigestes. Reese Witherspoon cherche à plagier Angelina Jolie de A Mighty Heart et elle est loin d'être aussi crédible. Pour sa part, Meryl Streep incarne la méchante obsédée par le pouvoir à tout prix. Dommage qu'elle soit à ce point unidimensionnelle.
Au moins, les idées véhiculées demeurent intéressantes. Les récits sur les attentats terroristes sont nombreux, mais Rendition se trouve aux antipodes de The Kingdom. L'action est pratiquement inexistante, tout passe par les dialogues. Le suspens créé, sans river le spectateur à sa chaise, se veut plutôt réussi. D'autant plus que la mise en scène de Hood est songée. Elle semble banale et sans personnalité, mais, vers la fin, tout devient plus clair et limpide. Un minitour de force pour s'évader du quotidien.
Plus que pour sa jolie distribution inégale, cette production pique surtout la curiosité pour ses dilemmes moraux. Qu'est-ce qui est plus important : la protection du pays ou les droits du citoyen? Des questions morales omniprésentes dans l'univers américain (la série 24 en est un excellent exemple) qui portent à réflexion. Davantage que le résultat final, correct sans plus, qui risque de s'oublier avant le mois des morts.
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Ayeuuuuuuuuu , ça décoiffe !!